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  le blog bertysblog

Simon Boccanegra

26 Août 2010, 19:11pm

Publié par Berty

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi avec prologue sur un livret de Francesco Maria Piave d’après une pièce de Gutiérrez créé le 12 mars 1857 au théâtre de la Fenice à Venise.
Seconde version créée le 24 mars 1881 à la Scala de Milan.

Simon Boccanegra, corsaire au service de la République de Gênes puis doge de Gênes (baryton) - Amelia Grimaldi, en réalité Maria Boccanegra, sa fille (soprano - Jacopo Fiesco, doge de Gênes puis tuteur d’Amélia sous le nom d’Andrea (basse) - Gabriele Adorno, gentilhomme génois (ténor) - Paolo Albiani, orfèvre puis courtisan favori du doge (basse) - Pietro, homme du peuple puis courtisan (baryton) - Un capitaine des arbalétriers (ténor) - La servante d’Amelia (mezzo-soprano)
Soldats, marins, peuple, sénateurs, la cour du doge, prisonniers…

"Il lacerato spirito" - Nicolai Ghiaurov

A Gênes au XIVe siècle.
Gênes est gouvernée par un doge élu. Comme ses prédécesseurs, le doge sortant ,Jacopo Fiesco, est un patricien. Sa fille, Maria, a une liaison avec un corsaire, Simon Boccanegra. De cette liaison est née une fille, également prénommée Maria, confiée à une vieille servante vivant à Pise. Lors d’une escale, Simon trouve la servante morte, l’enfant a disparue. Il la recherche depuis. Le prologue débute alors qu’a lieu la “campagne électorale“, les plébéiens, menés par Paolo et Pietro, espèrent ravir le trône aux patriciens.

Prologue.
Le prologue se déroule 25 ans avant l’action principale.
Une place à Gênes, devant l’église San Lorenzo. A gauche le palais des Fieschi.
Paolo et Pietro discutent de l’élection prochaine du doge. Paolo a fait venir Boccanegra de Savone afin qu’il soit le candidat du peuple contre les patriciens dans cette élection. Boccanegra accepte, voyant là le moyen d’épouser enfin Maria Fiesco. L’annonce de sa candidature soulève l’enthousiasme. La foule insulte Fiesco dont le palais reste étrangement éclairé. Ils s’éloignent. Arrive alors Fiesco qui pleure sa fille qui vient de mourir, ce qui explique l’agitation qui règne dans le palais (air “Il lacerato spirito“ qui se termine par “Prega, Maria, per me.“). A l’arrivée de Boccanegra, Fiesco lui reproche d’avoir causé la mort de Maria. Boccanegra est désespéré, il s’ofre en sacrifice : que Fiesco le tue et enterre sa haine avec lui ! Mais Fiesco est prêt à tout pardonner si Boccanegra lui amène sa petite-fille. Simon lui révèle alors la disparition de celle-ci, puis il se précipite dans le palais. On l’entend appeler Maria, alors que le peuple arrive sur la place criant son nom : « Vive Simon, l’élu du peuple ». Il est le nouveau doge !

"Come in quest'ora bruna" - Anja Harteros

Acte I
Le jardin du palais Grimaldi, près de Gênes, au lever du jour.
Depuis que le comte Grimaldi a été banni pour raison politique, sa fille Amélia vit seul au palais, sous la protection de son tuteur Andrea. Amelia est seule et admire le paysage (“Come inquest’ora bruna sorridon gli astri e il mare !…“) quand elle entend, au loin, une voix. C’est celle de Gabriele Adorno, son amant. Elle lui confie ses craintes : elle sait qu’Andrea complote contre le doge. Mais leur conversation se transforme rapidement en duo d’amour, interrompu par l’arrivée d’une servante : Pietro vient lui annoncer l’arrivée du doge. Amelia sait qu’il vient lui proposer d’épouser son favori, Paolo. Avant de rentrer dans le palais, elle demande à Gabriele de préparer leur union. Alors que ce dernier s’apprête à partir, Andrea arrive. Gabriele lui demande sa bénédiction. Andrea lui révèle alors qu’Amelia n’est pas la fille de Grimaldi, mais une enfant trouvée à Pise. Cela ne change rien aux intentions de Gabriele et Andrea lui donne sa bénédiction ("Vieni a me, ti benedico…"). Ils sortent.
Boccanegra apporte la grâce de Grimaldi et demande à Amelia si elle est heureuse. Elle lui confie qu’elle est amoureuse mais qu’elle est poursuivie par un prétendant qu’elle déteste, Paolo. Si ce dernier en veut à l’honneur des Grimaldi, il est sera pour ses frais, puisqu’elle n’est pas la fille légitime du comte. Le doge est surpris par cette révélation, et sa surprise augmente encore quand il apprend qu’elle a été trouvée à Pise et que le seul lien avec son passé est un médaillon renfermant le portrait de sa mère. Lorsqu’elle le lui montre, Boccanegra reconnaît aussitôt Maria Fiesco. Amelia est donc sa fille Maria !
Amelia rentre dans le palais et Paolo vient aux nouvelles : Amelia a-t-elle consenti au mariage ? Le doge lui demande de renoncer mais Paolo veut des explications qu’il n’aura pas : c’est la volonté du doge ! Paolo complote alors l’enlèvement d’Amélia avec Pietro.

“Plebe ! Patrizi ! Popolo…" - Piero Cappuccilli

La salle du Conseil du palais ducal.
(Cette fin de l’acte I est entièrement de la main de Boito et date donc de la révision de l’oeuvre)
Après avoir annoncé aux conseillers que le roi des Tartares laisse libre accès à ses eaux territoriales aux vaisseaux génois, le doge leur montre une lettre de Petrarque (un messaggio del romito di Sorga) qui supplie Gênes de faire la paix avec Venise. On entend alors des cris au dehors. Par la fenêtre, Boccanegra reconnaît Gabriele Adorno. La foule hurle « Mort aux patriciens, vive le peuple ! ». Les conseillers patriciens tirent aussitôt leurs épées, immédiatement suivi par les conseillers du peuple. En entendant quelqu’un crier «Mort au doge !», Boccanegra ordonne à un hérault d’ouvrir les portes et d’annoncer à la foule que le doge attend les émeutiers dans la salle du conseil. Les deux groupes de conseillers se font face, les armes à la main.
La foule entre alors, traînant Gabriele et Andrea/Fiesco. Gabriele est accusé d’avoir assassiné un homme, ce qu’il reconnaît : cet homme était sur le point d’enlever Amelia. Mais avant de mourir, le ravisseur a reconnu n’être qu’un homme de main et Gabriele croit que l’instigateur de l’enlèvement est Boccanegra. Amelia accourt et confirme les déclarations de Gabriele, mais avant qu’elle ait pu nommer le vrai coupable, chaque camp accuse l’autre. Le doge s’interpose et lance un vibrant appel à la paix (“Plebe ! Patrizi ! Popolo…"). Gabriele remet son épée à Boccanegra qui affirme avec force (le livret dit “con tremenda maestà e con violenza sempre piu’ formidabile“) vouloir trouver le coupable et somme Paolo de le maudire avec lui. Paolo est obligé de s’exécuter, tout en tremblant de devoir se maudire lui-même (atterrito e tremante). L’acte s’achève sur cette malédiction reprise en choeur par la foule.

“Me stesso ho maledetto !“ - Julian Kim

Acte II
Les appartements du doge dans le palais ducal. Sur une table, une carafe et tasse.
Paolo est terrifié par la malédiction (“Me stesso ho maledetto !“, je me suis maudit moi-même !). Il veut se venger de Boccanegra : « Moi qui t’ai offert le trône, je t’abandonne à ton destin ! » et verse le contenu d’une fiole dans la tasse du doge, un poison qui provoque une lente agonie. Pietro introduit alors Fiesco et Gabriele. Au premier, Paolo propose la liberté s’il accepte de tuer Boccanegra. En cas de refus, il révélera au doge le complot qui le menace. Fiesco refuse fièrement. Au second, il annonce qu’Amelia est installée au palais et lui fait croire qu’elle est la maîtresse de Boccanegra. Resté seul, Gabriele, fou de douleur, se lance dans une violente tirade contre celui qui a fait exécuter son père et lui a volé son amour ("O inferno ! Amelia qui !… Pietoso cielo, rendilà…"). Amelia, qui arrive à ce moment là, nie farouchement mais, avant d’avoir pu s’expliquer et entendant le doge approcher, elle le presse de s’enfuir.
Boccanegra voit que sa fille a pleuré, il pense en connaître les raisons : elle est amoureuse ! Il lui demande le nom de l’élu de son cœur et voit ses craintes confirmées quand elle lui révèle le nom d’Adorno, son ennemi. Elle le supplie de lui accorder son pardon, car elle ne pourra vivre sans lui. Boccanegra lui demande de le laisser seul et s’interroge : le doge doit-il faire preuve de clémence. Il se verse à boire dans la tasse contenant le poison et absorbe le breuvage mortel. Perdu dans ses pensées, il s’assoupit. Gabriele, qui était resté dans les parages, entre doucement en brandissant un poignard. Alors qu’il s’apprête à frapper, Amelia revient, l’aperçoit et se jette entre son père et lui. Boccanegra se réveille en sursaut et, comprenant la situation, met Gabriele au défi de tuer un homme sans défense. Mais celui-ci reste inflexible, le sang appelle le sang. Boccanegra lui dit qu’il s’est déjà vengé en lui prenant ce qu’il a de plus cher au monde, sa fille ! Complètement déstabilisé par cette révélation, Gabriele supplie Amelia de lui pardonner son geste quand des cris retentissent au-dehors. Les ennemis du doge marchent sur le palais. Gabriele lui jure fidélité, les deux hommes tirent leurs épées et appellent aux armes.

"O inferno !… Pietoso cielo, rendilà…" - Veriano Luchetti

Acte III
Une salle du palais ducal, par une fenêtre on peut voir Gênes illuminée et, au loin, la mer.
La foule crie victoire et acclame le doge. Un capitaine des gardes rend son épée et sa liberté à Andrea. Paolo entre sous bonne escorte. A Andrea, qui lui demande où on l’emmène ainsi, il apprend qu’il a été condamné à mort par Boccanegra mais qu’il avait lui aussi condamné le doge qu’un poison mortel tue lentement. Il réagit violemment en entendant les chants de noces d’Amelia et Gabriele, révélant dans sa colère être l’instigateur de l’enlèvement manqué. Face à ses révélations et regrettant que la mort du doge soit le fait d’une trahison, Andrea décide de revoir celui-ci. Il se retire dans un coin sombre de la pièce.
Le capitaine lit une proclamation du doge ordonnant que les feux soient éteints en l’honneur de ceux qui ont bravement combattu. Boccanegra commence à ressentir les effets du poison. La vue de la mer et l’air marin lui redonnent quelques forces : pourquoi la mer n’a-t-elle pas été sa tombe à cette époque heureuse ? « Il valait mieux pour toi !» . C’est Andrea qui prononce ces paroles en sortant de l’ombre. Boccanegra reconnaît alors Fiesco et lui annonce qu’il a retrouvés a fille. Amelia Grimaldi, dont Fiesco était le tuteur, était en réalité sa petite-fille et elle a maintenant repris son nom. Les deux hommes se réconcilient dans un grand duo.Amelia (ou plutôt Maria, puisqu’il faut l’appeler ainsi maintenant) arrive alors avec Gabriele et les invités de la noce. Sentant la mort proche, Boccanegra apprend à Maria qu’’Andrea est Jacopo Fiesco, son grand-père et désigne Gabriele Adorno comme successeur. Fiesco va annoncer à la foule que Gabriele est le nouveau doge.
Fiesco : « Génois, en Gabriele Adorno, acclamez votre doge »
lLa foule : « Non ! Boccanegra ! »
Fiesco : « Il est mort, priez pour la paix de son âme »
Le rideau tombe.
 

A propos de Simon Boccanegra
La première version de Simon Boccanegra fut un échec. Dans son “Dictionnaire lyrique“, Félix Clément renonce à résumer l’œuvre car «La pièce a paru incompréhensible aux Italiens eux-mêmes».  Au moment de sa composition, Verdi se trouvait à Paris pour la création française du Trouvère, qui lui prenait plus de temps que prévu : tout en supervisant la traduction du livret italien, il apporte de nombreuses modification à la partition, réécrit la scène finale et compose le ballet, incontournable pour toute représentation à l’Opéra de Paris. Cet éloignement ne favorisait guère les échanges avec son librettiste, Francesco Maria Piave, et il avait du faire appel à Giuseppe Montanelli, en exil en France, pour l’aider à finaliser le livret.
Une intrigue confuse et l’absence d’airs marquants allaient conduire à cet échec. Verdi fera appel à Boito pour réviser le livret et c’est cette seconde version qui est aujourd’hui jouée.

Simon Boccanegra dans l’histoire
Simon Boccanegra est un personnage historique, il fut, en 1339, le premier doge de Gênes issu du peuple (d’une famille aisée et estimée, toutefois). Mais, contrairement au personnage de la pièce de Gutiérrez (et donc de l’opéra), il n’a jamais été corsaire. Il y avait bien un marin dans la famille, le frère de Simon, Egidio, qui avait remporté plusieurs victoires navales pour le compte de Gênes.
Même s’ils n’apparaissent pas directement, il est plusieurs fois fait allusion aux guelfes, mouvement politique soutenant la papauté.

Discographie sélective
Piero Cappuccillo (Simon Boccanegra) - Katia Ricciarelli (Maria Boccanegra / Amelia) - Ruggero Raimondi (Jacopo Fiesco) - Placido Domingo (Gabriele Adorno) - Giampiero Mastromei (Paolo Albiani) - Maurizio Mazzieri (Pietro) - Piero De Palma (Capitano) - Orchestre et chœurs de la RCA  direction Gianandrea Gavazzeni - RCA,1973

Piero Cappuccillo (Simon Boccanegra) - Mirella Freni (Maria Boccanegra / Amelia) - Nicolai Ghiaurov (Jacopo Fiesco) - José Carreras (Gabriele Adorno) - José van Dam (Paolo Albiani) - Giovanni Foiani (Pietro) - Antonio Savastano (Capitano) - Orchestre et chœurs du Teatro alla Scala di Milano, direction Claudio Abbado - Deutsche Grammophon,1977

Leo Nucci (Simon Boccanegra) - Kiri Te Kanawa (Maria Boccanegra / Amelia) - Paata Burchuladze (Jacopo Fiesco) - Jaume Aragall, (Gabriele Adorno) - Paolo Coni (Paolo Albiani)  - Orchestre et chœurs du Teatro alla Scala di Milano, direction Sir Georg Solti - DECCA, 1988
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