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  le blog bertysblog

Disparition de Maurice André

26 Février 2012, 15:33pm

Publié par Berty

Ce samedi 25 février à 23h45, Maurice André, légende vivante de la trompette, s’est éteint à Bayonne où il avait été hospitalisé.


 

Maurice André est né le 21 Mai 1933 à Rochebelle, un faubourg minier d’Alès


Son père, mineur, jouait de la trompette dans l’Harmonie des Mines et la Fanfare d’Alès. Son oncle, Jean, était cornet solo de la musique des Equipages de la Flotte à Toulon, puis professeur au conservatoire de Nïmes.
Durant la guerre, alors qu’il a une dizaine d’année, ses parents l’envoient garder les vaches deux étés de suite, d’abord à Meymac en Corrèze, puis  à Couffour en Lozère. Il en gardera un bon souvenir et, surtout : « Je pouvais manger à ma faim ».

 


 

A la fin de la guerre, il a 12 ans, son père commence à l’initier à la trompette. « Un jour, alors que j’avais 14 ans, il est revenu d’une fête avec un vieux cornet à piston qui lui avait été offert et il a commencé à m’en faire jouer. C’est d’ailleurs à partir de cet âge, en 1947, que je suis rentré à la mine pour en sortir à 18 ans, après avoir obtenu mon Certificat d’aptitude professionnelle de mineur-boisseur. ». Chaque soir, son père lui fait travailler deux pages de musique, en augmentant progressivement la difficulté. Durant cette période, il prend des cours de solfège avec le directeur de l’Harmonie des Mines, mais le contact passe mal et il arrête même un temps la musique.

Son père le présente alors à Léon Barthélémy. Deuxième prix de trompette du conservatoire de Paris, celui-ci, ne se trouvant pas assez bon pour faire carrière, s’était installé à Alès où il était devenu secrétaire-comptable des abattoirs tout en dirigeant la chorale de l’église Saint-Joseph. Le jeune Maurice profite de son rare temps libre (il alterne alors quinze jours d’apprentissage en atelier et quinze jours au fond de la mine, six jours sur sept) pour travailler son instrument. Il joue également dans l’Harmonie des Mines et celle de Salindres.

 


 

A 16 ans, il est victime d’un accident au fond de la mine. Transporté aux soins intensifs de l’hôpital de Rochebelle, il n’en garde aucune séquelle.

A 18 ans, il quitte la mine pour s’engager pour deux ans dans l’armée. Il rejoint la musique du 8e régiment de transmissions à Suresnes, ce qui lui permet également d’entrer au conservatoire ennovembre 1951. Au mois de juin suivant, il obtient son premier prix de cornet ainsi que le prix d’honneur ! Et l’année suivante, il remporte le premier prix de trompette.

 


 

Son professeur, Raymond Sabarich, lui offre son premier smoking et lui procure ses premiers engagements, essentiellement des remplacements dans des cabarets ou au cirque Médrano.Puis il entre à l’Orchestre philharmonique de l’ORTF (1953-1963) et dans celui de l’Opéra-Comique (1962-1967).

 

 


En 1955, il obtient le premier prix du concours international de Genève.


En 1963, il se voit offrir une place dans le jury du deuxième concours de Munich avec une indemnité de 2 000 Marks. Mais lui préfère s’y présenter comme candidat : le premier prix est de 25 000 Marks ! Et il le remporte. Il dira par la suite : « A partir de Munich, tout m’a souri ! ».

 

Et de fait, sa carrière internationale est lancée, il joue dans le monde entier au rythme effréné de 200 concerts par an ! Après deux années de ce régime éprouvant, il réduit le nombre de concerts à 120-150 par an.

 

De 1967 à 1978, il est professeur au Conservatoire de Paris.

 


Plus de 250 disques rendent comptent de son impressionnante carrière avec les plus grands chefs et les orchestres les plus prestigieux, mais celui qui lui tenait le plus à coeur est celui qu’il avait enregistré en 1981, au théâtre d’Alès, avec l’harmonie municipale dans laquelle jouait encore quelques-uns de ses amis mineurs, un disque dont l’intégralité des bénéfices étaient destiné à acheter des instruments pour les enfants des mineurs et à soutenir ces derniers dans la lutte pour le maintien de leur emploi.

(Source :  “Le soleil doit pouvoir briller pour tout le monde: souvenirs et mémoires de la trompette du siècle“, Maurice André, Thierry Martin - Editions Publibook, 2007)  

 


 

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