Elle aimait trop les militaires !
Elle, c'est Marie-Jacobée von Kageneck (11 octobre 1619 - 10 novembre 1675), membre de l'une des plus prestigieuses familles alsaciennes, dont l'arbre généalogique grouille de têtes couronnées françaises, allemandes, hongroises, anglaises, polonaises… Au décès de son père, Rodolphe Guillaume de Kageneck, sa mère, Marthe Linck von Thurnburg, se retire dans la demeure familiale de ses parents à Colmar. Son père étant "stettmeister" de la ville, cette demeure accueillait des militaires de haut rang qui ne laissaient pas la jeune femme indifférente… A 19 ans, elle accouche d'un premier enfant illégitime, fruit d'une aventure avec un capitaine des mousquetaires. Deux ans plus tard naquit un second enfant, dont le père était le vice-commandant de la ville. Grâce à l'intervention du marquis de Montausier, commandant français de la Haute‐Alsace, elle évitera le châtiment qui lui était promis. Ce qui n'empêchera pas le prêtre de la qualifier de "prostituée noble" sur l'acte de baptême de son fils ! Elle n'a d'autre choix que de se marier avec un simple soldat (qui aura quand même une promotion éclair, puisqu'il sera fait prévôt de la garnison d'un château voisin). Le couple aura 4 enfants, légitimes ceux-là… et l'aîné de ces enfants est l'un de mes ancêtres !
Grâce aux travaux d'un généalogiste, qui prépare un ouvrage sur la famille de ma grand-mère maternelle, cet air n'aura plus jamais la même résonance pour moi : c'est parce que Marie-Jacobée aimait trop les militaires que je compte parmi mes ancêtres Charlemagne, Frédéric Barberousse, Guillaume le conquérant, Hugues Capet, des ducs de Normandie, d'Aquitaine, d'Alsace, de Bourgogne…
La demeure familiale, cadre de ces "aventures miliatires", est devenue, dans les années 70, le conservatoire (on disait alors "école nationale de musique") de Colmar… où ma mère occupait un logement de fonction. J'ai ainsi vécu une dizaine d'années, sans m'en douter, dans la maison de mes ancêtres !