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  le blog bertysblog

Disparition de Magda Olivero

9 Septembre 2014, 17:07pm

Publié par Berty

C'est non seulement l'une des doyennes de l'art lyrique, mais une véritable légende de l'opéra qui vient de disparaître. Ne dit-on pas que Maria Callas n'a jamais osé abordé le rôle d'Adriana Lecouvreur à la scène de crainte d'être comparée (et pas son avantage) à Magda Olivero ?

Maria Maddalena Olivero est née le 25 mars 1910 à Saluces (Saluzzo) dans le Piémont, à mi-chemin entre Turin et la frontière française. Son père, magistrat, est ténor et pratique le chant en amateur. C’est par le piano, puis l’harmonie et le contrepoint (avec le compositeur Giorgio Federico Ghedini) que Magda débute ses études musicales au conservatoire de Turin. Lorsqu’elle veut aborder le chant et qu’elle se présente à une audition, les jugements seront sévères : pas de voix, aucune musicalité, pas de personnalité… Mais comme elle bénéficie de recommandations, une seconde chance lui est accordée, cette fois-ci en présence de Luigi Gerussi, professeur de chant réputé, qui souhaite immédiatement la prendre pour élève à la surprise des autres membres du jury qui voient là une pure perte de temps !

1964 -La Traviata

Le 2 décembre 1932, elle fait ses débuts professionnels à l’occasion d’une retransmission radiophonique de “I misteri dolorosi” de Nino Cattozzo. Suivront quelques concerts et des apparitions dans des rôles de second plan avant ses vrais débuts sur scène dans un grand rôle, celui de Lauretta dans “Gianni Schicchi” au Teatro Vittorio Emanuele à Turin, le 31 octobre 1933. Le 26 décembre suivant, elle fait ses débuts à la Scala de Milan dans le rôle d’Anna de “Nabucco” aux côtés de Gina Cigna, Carlo Galeffi et Tancredi Pasero, sous la direction de Vittorio Gui. En janvier, elle enchaîne Inès de ”La Favorite” sur la même scène. En 1934, elle participe à la création de “Il mercante e l’avvocato” d’Armando La Rosa Parodi, sous la direction du compositeur. Sa carrière est alors exclusivement italienne. Elle chante dans des théâtres de province et tourne avec la compagnie “Carro di Tespi” qui se produit dans des villes ne disposant pas d’infrastructures lyriques. Ses rôles sont Nannetta (Falstaff), Gilda (Rigoletto), Micaëla (Carmen)…

1967 - La Bohème (Amsterdam)

Après l’avoir entendu dans Gilda, en 1935, le maestro Tullio Serafin lui promet le rôle de Philine de “Mignon” à l’opéra de Rome et lui conseille de préparer sa voix pour ce type de rôle. Elle travaille donc Lucia, Norina, Rosina, Adina, Amina… et développe son registre aigu avant de découvrir, au moment de la signature du contrat, que ce n’est pas Philine, mais Elsa de “Lohengrin” qu’elle devra chanter ! Plus tard, elle soutiendra que l’acte était prémédité par Serafin, dont elle aurait repoussé les avances, et qui voulait ainsi se venger. Quoi qu’il en soit, elle relève le défi et, pour se préparer à ce rôle, courant 1936, aborde Madama Butterfly, La Bohème, Manon (Massenet), Don Giovanni (le rôle de Zerlina), Mese Mariano (Giordano), I quatro rusteghi et Il campiello (Wolf Ferrari). Et, pour ses débuts à l’Opéra de Rome en 1937, son Elsa est un succès !

1965 - Adriana Lecouvreur (Amsterdam)

Au cours des deux saisons suivantes, elle ajoute Liù, Manon Lescaut, Violetta, Suzel, Margherita (Mefistofele) et Adriana Lecouvreur à son répertoire. C’est avec ce rôle d’Adriana qu’elle quitte la scène, en 1941, après son mariage avec l’industriel Aldo Busch. Durant dix ans, elle cessera toute activité lyrique régulière, ne se produisant que très exceptionnellement lors de galas de charité.

En 1951, le compositeur Cilea la convainc de revenir sur scène : il l’avait entendu dans “Adriana Lecouvreur” et, pour lui, elle est l’interprète idéale du rôle.

1976 - Mefistofele (Boito)

1960 Tosca filmé pour la RAI avec Giulio Fioravanti (Scarpia)

Avant cette Adriana, c’est avec Mimi qu’elle fait son retour. La même année, elle aborde ”Iris” de Mascagni que suivront “Fedora“ en 1953 et “Tosca” en 1957. C’est le début d’une seconde carrière qui durera plus de trente ans et qui, cette-fois, ne sera plus cantonnée à l’Italie : les plus grandes scènes internationales (Paris, New York, Vienne, Bruxelles, Buenos Aires, Amsterdam…) l’accueilleront dans Santuzza, Giorgetta, Suor Angelica, Francesca da Rimini, Fedora, Adriana, Tosca (pour des débuts tardifs au Met à 65 ans)…

1972 - La Rondine

En 1983, après le décès de son mari, elle met un terme à sa carrière. Elle à 73 ans.

Loin de certaines de ses consœurs boulimiques, Magda Olivero s’est tenue à un répertoire relativement restreint (du moins par la période qu’il recouvre) dans lequel elle n’avait que peu ou pas de rivales (Maria Callas, elle-même, n’aborda jamais “Adriana Lecouvreur” à la scène préférant, dit-on, éviter toute comparaison). Ses incursions dans le répertoire français (Micaëla, Manon, Marguerite…) ou allemand (Elsa, Sophie du Rosenkavalier) restent exceptionnelles tout comme sa Kostelnicka à Milan en 1974 !

Elle décède à Milan le 8 septembre 2014.

A 81 ans, la voix reste surprenante.

Adriana Lecouvreur… à 83 ans !

En 2009 à 99 ans !

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T
Merci, pour l'hommage à cette grande dame.
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