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  le blog bertysblog

Musique et gastronomie

4 Mars 2010, 11:41am

Publié par Berty

Le lien est réel, et pas seulement dans l’opéra bouffe !
Evidemment, je ne parlerais pas de la Pasta, Giuditta Pasta, créatrice de Norma, mais de vrais points de convergence.


Les deux premiers noms qui viennent à l’esprit sont ceux de Rossini et de Nelly Melba.
C’est pour la célèbre cantatrice australienne que le non moins célèbre Escoffier créa le dessert qui porte son nom, la pêche Melba.
Quant à Rossini, alors là…
Bien sûr, il y a le tournedos Rossini, mais également toute une série de plats accommodés avec la sauce Rossini (un mélange de foie gras, de truffes et de sauce demi-glace) : des œufs pochés, du poulet, un filet de sole, des cannellonis…
Fin gourmet, le compositeur n’oublie jamais sa passion et lorsqu’il compose le grand air de Tancredi, il note que la durée de cet air est exactement celle qui convient à la cuisson du risotto. Et depuis, cet air est connu sous le nom d’air du riz !


En 1830, Rossini met un terme à sa carrière de compositeur. Il a 38 ans, il lui reste 38 ans vivre. Et pendant cette période, il ne composera plus que quelques œuvres pour son seul plaisir : le “Stabat Mater“, la “Petite Messe solennelle“ et les “Péchés de Vieillesse“, de courtes pièces, vocales ou pour piano, parmi lesquelles on relève les titres de “Hors-d’œuvre : les radis, les anchois, les cornichons, le beurre“, “Les raisins“, “Les amandes“, “Ouf ! Les petits pois“, “Un sauté“, “Hachis romantique“…
Des titres qui ne sont pas sans rappeler “Trois morceaux en forme de poire“ d’Erik Satie ou “Wedding Cake“ de Camille Saint-Saëns.
“Revue de cuisine“ de Bohuslav Martinu est un ballet dont les personnages sont Monsieur Chaudron, Madame Couvercle et Monsieur Torchon !
Dans “Le Docteur Miracle“ de Bizet, un quatuor est dédié à l’omelette.
Dans “Geneviève de Brabant“ d’Offenbach, on nous apprend que “Après le pâté, c'est bien bon, le thé !“

“Ah quel dîner je viens de faire…“ chante la Périchole, légèrement pompette. Don Giovanni, lui, célèbre le champagne comme les invités du Prince Orlofsky dans “La Chauve Souris“ : on boit souvent à l’opéra, il y a même un terme spécifique, “brindisi“. Le “brindisi“ se chante un verre à la main, le plus célèbre étant celui de “La traviata“ , mais ceux de “Lucrezia Borgia“ ou de “Macbeth“ sont également fameux.


Don Giovanni, encore lui, invite la statue du Commandeur à un banquet. C’est un autre spectre, celui de Banquo, qui viendra tourmenter Macbeth au cours d’un autre banquet.
Aux “Symphonies pour les soupers du Roy“ de Delalande et à la “Tafelmusik“ de Telemann répond la “Musique pour les soupers du roi Ubu“ de Zimmermann.
Et qui symbolise mieux le bon vivant que Falstaff ?

Mais cette relation entre musique et gastronomie ne se limite pas à la scène : il y a bien longtemps qu’un certain nombre de théâtres (hors de nos frontières, est-il nécessaire de le préciser) offrent la possibilité aux spectateurs d’allier ces deux plaisirs. Je ne prendrais qu’un seul exemple, le restaurant Belcanto, voisin de l’opéra de Zurich et directement accessible depuis le foyer du théâtre, où il suffit de commander avant le spectacle et, à l’entracte, votre table est prête. Mieux, il permet de coupler l’abonnement à l’opéra avec un abonnement au restaurant ! Il y a également l’opéra de Berne où l’on trouvait, à la sortie, de grandes panières remplies de merveilleux petits gâteaux Kambly. Et que dire de ces théâtres allemands qui proposent à l’entracte une délicieuse spécialité, glace à la vanille et framboises chaudes…


Ma première visite au Palais Garnier, dans les années 80, m’avait permis de constater que, ce qui était évident dans bien des pays, ne l’était pas dans la “patrie de la gastronomie“. Après avoir joué des coudes pour accéder au bar, il fallait encore avoir la chance d’attirer l’attention d’un serveur particulièrement aimable qui, lorsqu’il daignait accepter votre commande, vous lançait dédaigneusement un sandwich aussi minuscule d’immonde ! Et hors de prix !
Peut-être était-ce là ce que l’on appelle l’exception culturelle française ?
En tout cas, la plupart des spectateurs étrangers étaient aussi surpris que moi.
Et je n’ai pas l’impression que les choses aient beaucoup changé. J’ai lu, il y a peu de temps sur un blog, le compte-rendu d’un spectacle à la Bastille : l’auteur s’étonnait de n’avoir trouvé au bar que des sandwiches au jambon (trop salés) et du champagne dans des coupes en plastique ! Nous nous éloignons de la gastronomie. A (très) grands pas !
Tout espoir n’est cependant pas perdu et nous attendons des nouvelles du restaurant de l’Opéra Garnier confié au talentueux Nicolas Le Bec.
Heureusement qu'il n'y a pas que Paris : en province, les festivals alliant musique et gastronomie ne sont pas rares. Levons nos verres en leur honneur !

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