Oben am jungen Rhein : hymne du Liechtenstein
Le 15 août a lieu la fête nationale d'un petit état dont on n'a pas souvent l'occasion de parler : le Liechtenstein.
Pour le Liechtenstein, tout commence en Basse-Autriche, à Maria Enzerdorf, où Hugo von Petronell-Liechtenstein fit construire un château en 1130. Devenus princes en 1608, les Liechtenstein ne pouvaient cependant siéger à la Diète : même s’ils possédaient de vastes territoires, ceux-ci étaient sous la tutelle des Habsbourg. Pour pouvoir y siéger, les princes de Liechtenstein devaient posséder des terres dites “immédiates“, c’est-à-dire ayant pour seul suzerain l’empereur. Ils firent donc l’acquisition de la seigneurie de Schellenberg en 1699, puis du comté de Vaduz en 1712. En 1719, l’empereur Charles VI unifia les deux fiefs et éleva ce nouveau territoire au rang de principauté, qui prit le nom de leur souverain. Ce n'est que depuis 1938 que le prince régnant vit dans la principauté, à Vaduz.
“Oben am jungen Rhein“, devenu hymne national en 1920, reprend la mélodie bien connue du “God save the King“ qui a souvent, et dans de nombreux pays (Prusse, Danemark, Russie…), servi d’hymne au souverain. Les paroles, écrites en 1850 par le père Jakob Josef Jauch (1802–1859), ont été légèrement modifiées en 1963. Le texte original commençait par “Oben am deutschen Rhein“ (Sur les hauteurs, au bord du Rhin allemand…). Le texte actuel supprime la référence à l’Allemagne (Sur les hauteurs, au bord du Rhin naissant…).
J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer les origines du “God save the King“ dont de nombreuses sources attribuent la paternité à Lully. Petit rappel :
- La Marquise de Créquy dans “Souvenir“ : «…une sorte de motet, ou plutôt de cantique national et glorieux, dont les paroles étaient de Mme de Brinon et la musique du fameux Lully… un Allemand, nommé Handel, s’en est emparé pendant son voyage à Paris, qu’il en a fait hommage au Roi Georges de Hanovre moyennant finance, et que MM. les Anglais ont fini par l’adopter et le produire ouvertement un de leurs airs nationaux »;
- La Duchesse de Perthe : « Lorsque le Roy Très-Chrétien entrait dans la chapelle, tout le choeur desdites Demoiselles y chantoient à chaque fois les parolles suyvantes, et sur un très-bel ayr du sieur de Lully » (suit le texte "Grand Dieu, sauvez le roy…") « Haendel fut ravi de cet air, son rhythme et sa mélodie le charmèrent, si bien qu'il demanda et obtint la permission de le copier musique et paroles. Quand il fut à Londres […] il ne trouva rien de mieux que d'offrir cet air de Lully. » ;
- Le journal “La Mode“ du 25 juillet 1851 : « La tradition de Saint-Cyr portait que le compositeur Handel, pendant sa visite à la supérieure de cette maison royale, avait demandé et obtenu la permission de copier l’air et les paroles de cette invocation gallicane, qu’il aurait ensuite offerte au Roi Georges 1er comme étant de sa composition.»;
- Une déclaration, signée par trois religieuses de Saint-Cyr, confirme cette thèse.