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  le blog bertysblog

Ave Maria

23 Mai 2023, 23:02pm

Publié par Berty

C’est incontestablement la mélodie religieuse la plus connue. Du moins par son titre, car pour la mélodie elle-même, les choses sont un peu moins évidentes.

Deux d’entre elles se détachent nettement du lot, celles de Schubert et Gounod. Comme par hasard, les deux qui ont une histoire particulière. Mais commençons par le texte : Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum. Benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui, Iesus. Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc, et in hora mortis nostrae.

L’origine de la prière reste floue. La première partie, la salutation, est directement inspirée de l’évangile selon saint Luc, dont elle reprend les paroles de l’ange lors de l’Annonciation (Luc 1,28) et d’Élisabeth lors de la Visitation (Luc 1,42). La seconde s’appuie sur l’invocation définie officiellement en 431 au concile d’Éphèse. Mais quand les deux furent-elles accolées ?

Certains font remonter son origine directement au concile d’Ephèse, d’autres au XIIe siècle, lors de la croisade contre les Albigeois et d’autres encore au XVe siècle quand la prière entre définitivement dans les manuels de catéchisme. Plusieurs versons cohabitent alors : “Sancta Maria, ora pro nobis peccatoribus“, “Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis nunc et in hora mortis nostrae“, “Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis. Amen“, “Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostrae“. C’est cette dernière, figurant dans un bréviaire édité à Paris en 1509, qui sera utilisé dans le nouveau bréviaire voulu par Pie V et publié en 1568.

Schubert, un “Ave Maria“ qui n’en est pas un !

C’est l’un des, sinon le, plus connus et pourtant… il n’a rien à voir avec la prière ! En 1810, Sir Walter Scott publie son long poème “The Lady of the Lake“, qui allait inspirer “La donna del Lago“ à Rossini en 1819. Cette même année, une traduction allemande en est publiée. En 1825, Schubert compose sur sept textes de cette traduction (due à Adam Storck) son “Liederzyklus vom Fräulein vom See“ (cycle de mélodies de la Demoiselle du lac), publié en 1826 sous le numéro d’opus 52 avec le titre de “Sieben Gesänge aus Walter Scotts Fräulein vom See“ (Sept chants de la Demoiselle du lac de Walter Scott) dans une édition proposant les deux textes (original et traduction). Le sixième de ces chants, pour voix de femme, portant le numéro de catalogue D 839 est appelé “Chant d’Ellen III“: Ellen Douglas, la dame du lac, cachée dans la grotte de Goblin adresse une prière à la Vierge Marie, lui demandant son aide et cette prière commence par “Ave Maria ! maiden mild !“, dans la traduction allemande “Ave Maria ! Jungfrau mild !“.

Il n’était donc absolument pas question pour Schubert d’écrire une prière dans le sens traditionnel du terme et ce n’est que plus tard qu’une adaptation du texte latin a été plaquée sur sa musique.

Elisabeth Kulman, chœur du Sächsischen Staatsoper et Sächsische Staatskapelle de Dresde sous la direction de Peter Schreier

L’Ave Maria de Gounod… ou de Bach ?

En France nous connaissons l’Ave Maria de Gounod, nos voisins allemands parlent de celui de Bach-Gounod ! Ce n’est pas toujours simple entre nous sur le plan musical : longtemps “Faust“ du même Gounod était appelé “Margarethe“ outre-Rhin, leur Mendelssohn-Bartholdy n’était que Mendelssohn chez nous… Pas plus que Schubert, Gounod n’avait songé à écrire une prière ! Selon une version non confirmée, Gounod aurait improvisé au piano sur le Premier Prélude en ut du “Clavecin bien tempéré“ de Bach (BWV 846).

Son futur beau-père, le célèbre pianiste Zimmermann, aurait noté cette mélodie et la lui aurait fait entendre, quelque temps après, jouée au violon, avec le soutien d’un choeur. Quelle qu’en soit la genèse, cette version sera créée le 10 avril 1853 sous le titre de “Méditation“. Un arrangement vocal sur des paroles de Lamartine est publié la même année. Gounod en fera encore un arrangement pour grand orchestre avant d’en proposer une version pour soprano solo et violon solo, soutenus par le piano, l’orgue et l’orchestre et, pour respecter la tessiture de soprano, il transpose le prélude de Bach à la quinte supérieure. Le texte choisit pour la partie chantée est l’Ave Maria. Cette version sera créée au Théâtre lyrique, le 24 mai 1859, sous la direction de Félicien David.

Un troisième Ave Maria, celui de Caccini… ou pas !

Giulio Caccini est un compositeur italien né en 1551 à Tivoli et mort en 1618 à Florence qui n’a pas composé d’Ave Maria. En tout cas, pas celui-là !
Car cet Ave Maria ci a été composé par Vladimir Vavilov en 1970.
Vladimir Vavilov (1925-1973), guitariste, luthiste, éditeur de musique ancienne et compositeur, avait pour habitude d’attribuer ses propres compositions à des musiciens baroques ou de la Renaissance mais sans chercher pour autant à imiter leur style. C’est ainsi qu’il attribue son Ave Maria, composé en 1970, à Caccini et l’enregistre en 1972.

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