L'ingrat rôle des doublures
Dans le monde lyrique, il y a ceux que l’on voit (et que l’on entend !) et ceux qui sont derrière les coulisses, sans lesquels le spectacle ne pourrait avoir lieu. Ceux que l’on oublie le plus souvent.
J’ai le souvenir d’une représentation à Strasbourg (je ne saurais plus dire de quelle œuvre, cela remonte à bien longtemps), où, à l’entracte, alors que la salle commençait à se vider, les
techniciens venaient changer le décor à vue (dans cette production, il n’y avait pas de rideau de scène). Le public les a spontanément applaudi, juste hommage au travail des ces hommes de
l’ombre.
Mais il y a aussi ceux qui fournissent un travail considérable qui, la plupart du temps, ne sera pas reconnu : je veux parler des doublures. Ils apprennent un rôle, le travaille à fond, tant sur
le plan musical et vocal que scénique, et n’auront peut-être jamais l’occasion de l’interpréter. Tâche ingrate, mais indispensable car, sans eux, un spectacle pourrait tout simplement être annulé
en cas de défaillance de l’un des interprètes principaux.
C’est ainsi qu’une représentation de “L’Africaine” a pu continuer, à Mulhouse, après le malaise (sur scène) de Peter Sidhom, qui chantait le rôle de Nelusko, et son remplacement par Cyril
Rovery.
Plus rarement, et c’est surtout le cas dans les théâtres possédant une troupe, le spectateur gagne au change, comme cela m’est arrivé à Zurich pour “Don Giovanni’ où le remplaçant de Don Ottavio
était Francisco Araiza qui avait déjà interprété le rôle lors d’une précédente série. Mais là nous ne sommes plus vraiment dans le cadre d’une doublure classique.
C’est ce travail qu’illustre cette vidéo du jeune baryton écossais Duncan Rock. Né à Edimbourg, Duncan Rock a grandi à Perth en Australie où il a remporté l’Australian Singing Competition en 2006
avant de revenir en Grande-Bretagne poursuivre ses études. Finaliste de la Kathleen Ferrier Competition, il obtient le second prix et le prix de la mélodie lors de la Mozart International Singing
Competition 2009. En 2010, il est membre du chœur du Festival de Glyndebourne et doublure pour le rôle de Guglielmo dans “Cosi fan tutte”.
Petite curiosité sans rapport avec ce qui précède : Duncan Rock chantait “Don Giovanni” dans l’adaptation (et le mot est faible !) de l’opéra de Mozart donnée à Londres en avril 2012.
Quand le célèbre “Air du Champagne“ évoque tout autre chose…