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L'Hymne à la Liberté (Grèce)

25 Mars 2024, 00:02am

Publié par Berty

Le 25 mars, la Grèce commémore l'insurrection de 1821 contre la domination ottomane. Le texte de “L'Hymne à la Liberté“ est de Dionysios Solomos, la musique de Nikolaos Mantzaros.

Dionysios Solomos est né le 8 avril 1798 sur l’île de Zakynthos. Il fait ses études en Italie et c'est en italien qu'il écrit ses premiers poèmes, même après son retour en Grèce en 1818. En 1822, il rencontre Spiridon Trikoupis. Ce dernier, formé en France et en Angleterre, était un fervent partisan de l'indépendance et s'était engagé dans la lutte contre l'empire ottoman dès 1821. Il jouera, par la suite un rôle politique important : d'abord député, il sera le premier Premier Ministre de l'histoire grecque (du 1er février 1828 au 17 février 1829 ), puis ambassadeur de Grèce à Londres de 1835 à 1838 et de 1841 à 1843, puis à Paris de 1849 à 1850 et de nouveau à Londres de 1850 à 1861. Ami personnel de lord Byron (qui était venu à Missolonghi pour participer à la défense de la ville), c'est lui qui prononcera l'oraison funèbre lors des funérailles du poète en 1824. Cette rencontre avec Trikoupis sera décisive pour Solomos : c'est Trikoupis qui va lui conseiller d'écrire en grec. Et comme Solomos maîtrise mal sa langue maternelle, c'est encore lui qui va la lui réapprendre.

En 1823, Solomos publie son “Hymne à la Liberté“, sa première grande œuvre en grec. Plusieurs traductions seront immédiatement publiées en France, en Angleterre, en Italie… Ce texte et l'engagement personnel, puis la mort, de lord Byron allait provoquer un courant de sympathie pour la cause grecque en Europe : Chateaubriand, en France, et Pouchkine, en Russie, plaident la cause des assiégés de Missolonghi, Rossini organise un concert en leur faveur… Le 23 avril 1826, les troupes turques et égyptiennes pénètrent dans la ville. Plutôt que de se rendre, les Grecs se font exploser avec leurs poudrières, les survivants sont massacrés sur place ou vendus comme esclaves et 3 000 têtes tranchées sont placés sur les remparts ! Le massacre bouleverse l'Europe, Eugène Delacroix peint son tableau “la Grèce sur les ruines de Missolonghi“, Louis Ier de Bavière rachète des femmes et des enfants de Missolonghi vendus comme esclaves en Égypte, des campagnes de levées de fonds, pour venir en aide aux survivants ou financer des corps expéditionnaires, sont organisées… Le rôle joué par Dionysios Solomos lui vaudra son statut de poète national.

En 1825, il s'installe sur l'île de Corfou où il meurt le 9 février 1857.

C'est là qu'il avait fait la connaissance du compositeur Nikolaos Mantzaros. Ce dernier, né le 26 octobre 1795 à Kerkyra sur l'île, avait eu une éducation musicale dès son plus jeune âge, violon et piano d'abord, puis harmonium. A partir de 1810, il étudie également la composition, le contrepoint et l’instrumentation. Ses premières œuvres sont jouées dès 1815 au théâtre de Corfou. En 1824, il part pour l'Italie et entre au conservatoire de Naples. Deux ans plus tard, il rentre à Kerkyra et y fonde la Société Philharmonique. C'est à cette même époque qu'il rencontre Dionysios Solomos. En 1828, il commence à mettre en musique “L'Hymne à la Liberté“ qu'il n'achèvera qu'en 1830. L’Hymne (qui ne reprend “que“ 25 des 158 strophes du poème) est écrit pour un chœur d'hommes à quatre voix et piano.

“L'Hymne à la Liberté“, extraits de la version originale pour chœur d'hommes et piano

Mais Mantzaros n'est pas satisfait de son travail et, en octobre 1841, réécrit sa partion qu'il présente à Solomos le 5 février 1844.
Sur les conseils du philosophe Vrailas, il envoie sa partition, dédicacée, au roi Othon Ier.
Otto von Wittelsbach, fils de Louis Ier de Bavière, était devenu roi de Grèce sous le nom d'Othon Ier, le 6 février 1833. Quand il reçoit la partition de Mantzaros, il la soumet à des compositeurs bavarois qui la qualifient “d’œuvre admirable“. Il décrète alors que l'hymne serait joué lors des cérémonies officielles du Palais et, en témoignage de reconnaissance, fait Mantzaros chevalier de l’ordre royal du Rédempteur.
Othon Ier est renversé par un coup d'État militaire en 1863 et c'est Guillaume de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg, prince de Danemark, qui est élu roi des Hellènes par l'Assemblée Nationale grecque le 30 mars 1863.
En 1865, lors d'une visite officielle à Corfou, il entend l’Hymne à la Liberté qui lui fait une si forte impression qu'il décide d'en faire un chant national, joué lors des cérémonies officielles, présentation des Couleurs…
Un décret du 4 août 1865 fixe les conditions dans lesquelles l’hymne doit être joué. Seules les deux premières strophes sont interprétées lors des cérémonies officielles.

“L'Hymne à la Liberté“ a également été adopté officiellement comme hymne chypriote en 1996.

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