Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  le blog bertysblog

Mort d'un festival…

4 Juin 2014, 21:58pm

Publié par Berty

A 3 jours de son début, le Festival de musique de Strasbourg, le doyen des festivals français, est annulé. L'association organisatrice, la Société des Amis de la Musique de Strasbourg, dépose son bilan.

Bien sûr, on peut toujours chercher un responsable, mais cela ne le fera pas renaître. Certains accusent la nouvelle direction d'avoir eu les yeux plus gros que le ventre en proposant une programmation trop ambitieuse, d'autres rejettent la faute sur les festivals voisins de Baden Baden et Colmar… Personnellement, je pense que la relative confidentialité de ce festival explique bien des choses : bien qu'habitant alors à Colmar, à une soixantaine de kilomètres seulement de Strasbourg, je n'ai découvert son existence qu'en 1985, soit une bonne dizaine d'années après avoir commencé à fréquenter assidûment les salles de concerts ! Et très rares étaient les abonnés des concerts symphonique ou de l'Opéra du Rhin, que je côtoyais régulièrement au théâtre de ma ville, qui le connaissaient… Pour le moins problématique, pour un festival dont le financement dépendait à 70% de la billetterie.
Et pourtant… il suffit de consulter le magnifique ouvrage relatant les 50 premières années de ce festival pour constater la constante qualité de la programmation, et ce dès la première édition inaugurée par la Philharmonie de Berlin sous la direction Furtwangler.

Pour ma part, je retiendrai, parmi beaucoup d'autres, quelques très beaux, très grands moments :

Deux requiems de Verdi, l'un sous la direction d' Antoni Ros-Marba avec Teresa Zylis-Gara, l'autre sous la direction de Jan Latham-Koenig avec Julia Varady et un autre requiem, celui de Berlioz avec le même chef.

Les concerts de l'Academy of Saint Martin in the Fields sous la direction de Sir Neville Marriner, de l'Orchestre Philharmonique de la Scala de Milan avec Carlo Maria Giulini, du Gewandhaus de Leipzig et Kurt Masur, de l'Orchestre Philharmonique "Arturo Toscanini" dirigé par Lorin Maazel…

Des concerts "Révélations", qui présentaient de jeunes talents qui avaient pour noms Cédric Tiberghien, Isabelle Faust, Nathalie Gaudefroy, Juliette Hurel, David Garrett…

D'un superbe récital de Jessye Norman.

Du concert donné à l'occasion du 70e anniversaire de Yehudi Menuhin, président d'honneur du Festival, musicalement un peu douloureux car l'artiste n'avait plus tout à fait les moyens de s'exprimer pleinement, mais tellement chargé d'émotions

Des adieux au concert de François-René Duchâble

De ces opéras dont les distributions mêlaient artistes confirmés et débutants qui ont, depuis, fait une immense carrière. Je citerai, de mémoire, Mitridate, Il barbiere di Siviglia et L’Italiana in Algeri dans la mise en scène de Savary, Idomeneo (sous la direction de John Eliot Gardiner), Don Giovanni… avec Rockwell Blake, Yvonne Kenny, Antonio Salvador, Ernesto Palacio, Gabriel Bacquier, Paul Plishka, Anthony Rolfe-Johnson, Simone Alaimo, Elzbieta Szmytka… et parmi les moins connus (à l'époque) voire quasi-débutants, Jennifer Larmore, Denia Mazzola, Bruce Ford, Tassis (qui se prénommait encore Anastassis) Christoyannis…
Et surtout, deux opéras de Rossini, là encore avec de jeunes chanteurs, dirigés par Alberto Zedda : Il Viaggio a Reims et L’equivoco stravagante. Le premier n'ayant pas, loin s'en faut, rempli la grande salle du palais de la Musique, le second avait été relégué dans la plus petite (un millier de places). Et pourtant, Mariola Cantarero, Christophoros Stamboglis, Marco di Felice ou Saimir Pirgu valaient déjà largement le déplacement !

D'autres souvenirs remontent à la surface, comme une superbe Fantaisie chorale de Beethoven…
Rien ne pourra les effacer.
Le Festival a déjà connu des interruptions, souhaitons que l'édition 2014 ne soit qu'une pause dans cette histoire, longue et prestigieuse.

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7