Redécouverte… pas indispensable !
En préparant les prochaines publications de mon "éphéméride musicale", je suis tombé sur quelqu'un que j'avais totalement oublié. Les plus jeunes ne la connaissent certainement pas, et pourtant… Fin des années 70 et débuts des années 80, elle avait droits aux honneurs des médias. C'est d'ailleurs à la télévision que j'ai découvert cette artiste pour le moins hors du commun !
Elle, c'est Nella Anfuso, selon sa biographie "Docteur es lettres de l'Université de Florence, diplômée en paléographie aux Archives d'Etat, collaboratrice du C.N.R. (Conseil National de Recherches), après ses études au Conservatoire "L. Cherubini" de Florence, elle s'est perfectionnée dans le chant avec Guglielmina Rosati Ricci, dernière héritière de la grande école de Cotogni."
Une biographie qui tourne à l'hagiographie : "Nella Anfuso a opéré une véritable révolution dans le domaine de l'interprétation de la musique vocale italienne qui a précédé le XIXe siècle, au nom de l’ authenticité. Nella Anfuso repropose, après plus de trois siècles, et dans toutes ses caractéristiques, le CHANT qui s'est épanoui en Italie à partir de la moitié du XVIe siècle et jusqu'à la moitié du XVIIIe siècle: grande étendue et homogénéité des registres, perfection d'émission pour permettre l'exécution articulée ("gorgia soave et spiccata" de Monteverdi) des "passaggi" et des "gruppi", technique du "trillo ribattuto" et des "diminuzioni", interprétation du "recitar cantando" de l'école de Florence, du "parlar cantando" de Monteverdi et du "cantar di garbo" de Luzzaschi, d'après les théoriciens et l'esthétique de cette époque. Nella Anfuso est douée d'une voix unique pour son extension (trois octaves), sa pureté d'émission, son homogénéité et ses possibilités de virtuosité. Nella Anfuso est la seule cantatrice de notre temps qui est capable d'exécuter les airs préférés de Farinello selon la grande école de chant de l'époque (voir les 25 trilles sur le même souffle). Nella Anfuso s'est consacrée à la restauration du chant de l'Ecole italienne de l'âge d'or. L'art de Nella Anfuso est tout particulier et révèle les trésors de la grande école italienne du XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles qui émerveille l'auditeur et la presse internationale spécialisée. De cet art raffiné et techniquement trascendant on a écrit qu'il pouvait déterminer «Una atmosfera di sortilegio, fantasticamente ricreata dalla bravura di Nella Anfuso, dalle possibilità eccezionali con intere frasi impostate sui registri più acuti, trilli ribattuti e lunghi passaggi sui registri più gravi da contralto». (Musica Viva)"
Si, après cela, vous n'êtes toujours pas convaincu d'avoir à faire à une personnalité majeure de chant, ouvrez grand vos oreilles !
La presse était tout aussi élogieuse, à commencer par Télérama :
«Nella Anfuso : le Chant à sa perfection»
«La Anfuso arriva et la musique vocale ancienne renaquit de ses cendres».
«Ecoutez simplement ‘La‘ Anfuso comme on va au-devant d’une GRANDE REVELATION»
«Bien sachant que Nella Anfuso enseigne un peu partout en Europe, je me pose la question: à l’instar de Maria Callas, ne risque-t-elle pas de demeurer un exemple "inapprivoisable" ? A tout jamais unique. Egoïstement, réjouissons-nous d’être les contemporains de la Anfuso».
«NELLA ANFUSO: la Callas de la musique ancienne».
Les autres n'étaient pas en reste :
«La grande Prêtresse du Chant Italien». ( Le Figaro)
«Désormais, et comme pour Monteverdi, le retour à un Vivaldi authentique passera obligatoirement par Nella Anfuso». (Le Monde)
«La grande cantatrice italienne qui a opéré une véritable révolution dans l’interprétation de la musique italienne». (Le Monde)
«La voix de Nella Anfuso est magnifique, d'une subtilité, d'une souplesse et d'une sûreté exceptionnelle (…) avec son talent de grande tragédienne». (Diapason)
«Même si Nella Anfuso ne «pousse» jamais les sons, sa voix nous transperce comme jamais la musique de Monteverdi n’ avait sans doute réussi à le faire». (Le Monde de la Musique)
«Grande prêtresse du renouement de l’interprétation musicale des tous premiers opéras italiens». (Le Matin)
«Le soprano de lumière de Nella Anfuso, au timbre comme descendu des étoiles (…) C'est cette voix fabuleuse, que l'on ne peut oublier sitôt entendue, qui transfigure le concert monteverdien, dès qu'elle intervient et qui, à elle seule, mérite que l'on connaisse l'album». (Opéra International)
«NELLA ANFUSO, la Callas ancienne». (Libération).
Pour apprécier pleinement cette technique unique, osons une petite comparaison : un même air interprété "dans les règles de l'art" par cette artiste d'exception (!) et une autre chanteuse qui n'a pas sa fabuleuse technique (re !).