Montserrat Caballé
Ce 12 avril, Montserrat Caballe fête ses 80 ans, dont près de 60 passés sur scène… et elle n'envisage pas d'arrêter !
Montserrat Caballé, ou plus exactement Maria de Montserrat Viviana Concepción Caballé i Folc (!), est né le 12 avril 1933 à Barcelone. En 1942, elle obtient une bourse qui lui permet d'étudier au
Conservatorio Superior de Musica de Barcelone, études qu'elle poursuit ensuite à Milan. En 1956, elle est engagée dans la troupe de l'opéra de Bâle où elle fait l'apprentissage de la scène en
chantant de petits rôles tout en travaillant comme serveuse pour subvenir à ses besoins. C'est en remplaçant une collègue qu'elle fait ses véritables débuts dans un premier rôle, celui de Mimi de
"La Bohême". Après trois ans à Bale, elle rejoint la troupe du théâtre de Brême où elle se forge son répertoire : lorsqu'elle quittera la troupe, en 1962, elle aura abordé 42 rôles !
En 1964, elle chante Madama Butterfly aux côtés du ténor Barnabe Marti, qu'elle épouse six mois plus tard.
Le moment-clé de sa carrière se situe le 20 avril 1965. Marylin Horn, enceinte, qui devait interpréter le rôle titre de "Lucrezia Borgia" lors d'un concert au Carnegie Hall, est contrainte
d'annuler au dernier moment. Elle est remplacée au pied levé, et sans répétition, par Montserrat Caballé qui fait un triomphe. Une diva est née !
Il existe un enregistrement de cette soirée :
La même année, elle débute au Metropolitan Opera de New York dans Marguerite de "Faust" (rôle qu'elle enregistrera bien des années plus tard à Strasbourg sous la direction d'Alain Lombard).
Sa carrière internationale est lancée et, depuis, elle n'a plus quitté la scène continuant à se produire en concert, malgré une tumeur au cerveau, diagnostiquée en 1986, qu'elle appelle son
"petit ami" : "Quand un médecin vous dit qu'il ne vous reste plus que 3 ou 4 ans à vivre, qu'un autre dit 5 ans, ce doit être un bon ami puisqu'il me laisse tranquille. Je n'y pense même
plus, sauf lorsque j'ai des maux de tête !"
Un sommet de sa carrière : Norma à Orange, un soir de 1974 où le mistral était déchaîné. Quelques années plus tard, elle racontait comment elle avait doublé son costume avec des journaux pour
moins sentir le froid !
Souvenir personnel : je ne l'ai vu qu'une fois sur scène, c'était à l'Opéra-Comique, le 11 octobre 1986. Elle chantait la Prima Donna /Ariadne dans "Ariadne au Naxos" et son entrée ne passait pas
inaperçue : dans le prologue la Prima Donna, trop imposante pour passer normalement la porte de sa loge était obligée de se faufiler tant bien que mal de profil. Jeu de scène, certes, mais qui
semblait tellement naturel au regard de son embonpoint de l'époque… mais surtout, preuve de son grand sens de l'auto-dérision. Sens dont elle a encore fait preuve lors de sa dernière apparition à
l'Opéra de Vienne, dans le rôle parlé de la Duchesse de Crakentorp de "La fille du régiment" où, à l'évocation de l'annulation du mariage de Marie (la fille du régiment), elle lança (à
l'attention du public et en allemand) : "j'ai l'habitude d'annuler ! Il faut savoir le faire avec classe, sinon ça me marche pas !".
Moins présente sur scène, elle continue à donner des master classes, le plus souvent gratuites pour les stagiaires !
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