Décès d'Evelyn Lear
Après Dietrich Fischer-Dieskau , c’est celle qui, à ses débuts, fut sa partenaire dans “Le nozze di Figaro“, “Die Zauberflöte“ et “Wozzeck“ qui vient de disparaître.
Evelyn Shulman est née le 8 janvier 1926 à Brooklyn. Elle étudie le piano, le chant, le cor et la composition au Hunter College, à l’université de New York et à la Juilliard School. En
1943, elle épouse le physicien Walter J. Lear dont elle divorcera quelques années plus tard. En 1955, elle épouse le baryton-basse Thomas Stewart. Tous deux obtiennent une bourse du
Fulbright scholarships pour étudier à la Hochschule für Musik de Berlin. C’est là qu’elle poursuit ses étude avec la grande Maria Ivogün et débute sa carrière, en 1959 à la Städtische Oper, dans
le rôle du compositeur de “Ariadne auf Naxos“ de Richard Strauss.
En 1960, elle interprète pour la première fois (en version de concert) un rôle qu’elle marquera à jamais, Lulu d’Alban Berg, un rôle qu’elle n’a eu que trois semaines pour apprendre ! Son
interprétation lui vaudra d’être engagé pour la première représentation scénique de l’après-guerre de l’oeuvre, au Theater an der Wien en 1962, sous la direction de Karl Böhm. Grande mozartienne
(elle chante notamment Pamina, Cherubino, la comtesse des Noces, Donna Elvira, Fiordiligi…) et straussienne (le compositeur, mais également les trois rôles du Rosenkavalier, passant de Sophie à
Octavian - qu’elle chante à Vienne, Berlin, New York - puis à la Maréchale, qu’elle aborde en 1971 et qu’elle chantera sur les plus grandes scènes dont La Scala), elle consacre une part
importante de sa carrière à la musique contemporaine, Lulu, bien sûr, Marie (Wozzeck)… et à des création : Nina (“Reuben, Reuben“ de Marc Blitzstein), Alkmene (“Alkmene“ de Giselher Klebe),
Jeanne (“Die Verlobung in San Domingo“ de Werner Egk, pour la réouverture du Nationaltheater. de Munich), Lavinia Mannon (“Mourning becomes Electra“ de Marvin David Levy pour ses débuts au Met en
1967), Irma Arkadina (“The Seagull“ de Thomas Pasatieri), Magna (“Minutes to Midnight“ de Robert Ward), Ranyevskaya (“Kirschgarten“ de Rudolf Kelterborn)…
La fréquentation de ce répertoire lui posera quelques problèmes vocaux qui l’obligeront à interrompre sa carrière durant un an (en 1970) puis à s’orienter, dans les années 80, vers le répertoire
de mezzo. Elle reviendra à Lulu, mais dans le rôle de la comtesse Geschwitz, cette fois-ci.
En 1985, elle fait ses adieux à la scène au Met dans le rôle de la Maréchale. Depuis, elle se consacrait à l’enseignement.
C’est son fils qui a annonce son décès, ce 1er juillet 2012.