Compositeurs populaires
La marche nuptiale du “Songe d’une nuit d’été“ de Mendelssohn, la farandole de“L’Arlésienne“ de Bizet, “Au matin“ de “Peer Gynt“ de Grieg… Quel est le point commune de ces mélodies particulièrement populaires ?
Ce sont des musiques de scène. Des musiques composées pour accompagner des pièces de théâtre. Un genre qui n’a plus vraiment cours aujourd’hui. Ou du moins qui a été remplacé par un autre : la
musique de film. Celle-ci n’a-t-elle pas la même fonction ?
Et les compositeurs de musiques de films ne seraient-ils pas les futurs “grands classiques “de demain ? Car un grand nombre d’entre eux a un parcours que ne renieraient pas les plus
célèbres de ceux qui sont régulièrement joués dans nos salles de concert. Et lorsque leurs oeuvres sont interprétées, elles remportent souvent un vif succès auprès du grand public. Plus que
celles de leurs confrères strictement cantonnés dans la musique dite contemporaine. Et ce n'est pas pour autant qu'elles leur sont inférieures. Juste plus abordables, plus “populaires“. Mais
n'était-ce pas le cas de celles de Mozart, Beethoven, Rossini ou Verdi ?
Maurice Jarre symbolise parfaitement cette transition entre la musique de scène à laquelle il a consacré le début de sa carrière (Richard II, Macbeth, Le Prince de Hombourg,
Nucléa, Meurtre dans la cathédrale, Don Juan, Le Médecin malgré lui, Ruy Blas, Lorenzaccio…) et la musique de films. Mais il a également composé des œuvres symphoniques et des ballets dont “Notre
Dame de Paris“ qui est au répertoire du ballet de l’Opéra de Paris.
Chostakovitch, Prokofiev ou Dutilleux, même si cela ne représente qu’une petite part de leur œuvre, ont également composé pour le cinéma. D’autre ont fait le choix d’une carrière essentiellement cinématographique comme Georges Delerue (Premier Prix de Composition du Conservatoire de Paris et Premier Second Grand Prix de Rome), Gérard Calvi (Grand Prix de Rome) ou Michel Legrand (élève de Nadia Boulanger).
De formation classique, mais moins connus pour leurs musiques de film :
Gilbert Bécaud (formé au conservatoire de Nice) a composé, entre autres, les musiques de “Casino de Paris“, “Babette s’en va-t-en guerre“, “La maison sous les arbres“, “Roman de
gare“ ainsi qu’un opéra (l’opéra d’Aran), une cantate (l’Enfant à l’Étoile) et un concerto pour piano,
William Sheller a étudié la composition avec un élève de Fauré et, outre ses chansons et des musiques de film (Érotissimo, Trop petit mon ami, Ma femme s’appelle reviens, Envoyez
les violons, L’écrivain public…) a composé plusieurs symphonies, un concerto pour trompette, un pour violon, des quatuors à cordes, une messe, un ballet…
John Williams (La Tour infernale“, “Les Dents de la mer“, “Star Wars,“, “Rencontres du troisième type“, “Superman“, “Les Aventuriers de l’arche perdue“, “E.T. l’extra-terrestre“,
“Hook“, “Jurassic Park“, “La Liste de Schindler“, “Il faut sauver le soldat Ryan“, “Harry Potter“…) a également à son actif un certain nombre d’œuvres de circonstance (pour les Jeux Olympiques,
l’anniversaire de Leonard Bernstein…), de pièces symphoniques et de musique de chambre et plusieurs concertos (pour flûte, violon, tuba, clarinette, violoncelle, basson, trompette, cor, alto,
harpe et hautbois).
Nino Rota n’est pas seulement le compositeur des principaux films de Fellini, du “Guépard “ou du “Parrain“ (parmi quelque 170 musiques de film). Formé au conservatoire de Milan puis de Rome, avant d’étudier au Curtis Institut avec Fritz Reiner, il voit son premier oratorio, “L’infanzia di San Giovanni Battista“, représenté à Milan et à Paris en 1923, alors qu’il n’avait que douze ans ! Des ses dix opéras, cinq ballets et nombreuses pièces symphoniques, certains sont très régulièrement joués : “Il cappello di paglia di Firenze“ a eu les honneurs de la Scala (avec Juan Diego Florez) il y a quelques années et “Aladin et la lampe merveilleuse“ a été représenté à l’Opéra national du Rhin en 2009.
Compositeur attitré de Hitchcock, Bernard Herrmann a également composé plusieurs œuvres symphoniques et un opéra (Les Hauts de Hurlevent).
Vladimir Cosma, premier prix de violon et de composition au conservatoire National de Bucarest, a étudié au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et avec Nadia Boulanger et a composé 153 musiques pour le cinéma, 140 pour la télévision, de nombreuses adaptations symphoniques de ses musiques de films, des concertos et un opéra “Marius et Fanny“ créé à Marseille avec Roberto Alagna, Angela Gheorghiu et Jean-Philippe Lafont.
Et, à tout seigneur, tout honneur, celui qui est considéré comme étant le “père“ de la musique de film symphonique, Erich Wolfgang Korngold. Né en 1897, il n’a que 12 ans lorsqu’il compose un ballet “Der Schneemann“ créé en 1910 à l’Opéra de Vienne. Son opéra “Die tote Stadt“ remporte un triomphe alors qu’il n’a que 23 ans et son concerto pour violon est toujours au répertoire des grands violonistes. C’est en adaptant la musique de scène de Mendelssohn pour le film “A Midsummer Night’s Dream“ de Rheinardt, en 1934, qu’il débute au cinéma.
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