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  le blog bertysblog

Disparition de Hugues Cuénod

8 Décembre 2010, 11:43am

Publié par Berty

Il était incontestablement le doyen des chanteurs lyriques (il avait fêté son 108e anniversaire en juin !) : Hugues Cuénod est décédé lundi 6 décembre.

Hugues Cuénod est né à Corseaux, dans le canton de Vaud, de 26 juin 1902. Il débute ses études musicales à Lausanne, puis les poursuit aux conservatoire de Genève et Bâle avant de se rendre à Vienne où, de 1925 à 1927, il étudie le chant.
C’est en 1928 qu’il fait ses débuts professionnels lors de la création française de “Johnny spielt auf“ de Krenek. Tout en abordant un large répertoire, il consacre une grande partie de son temps à la musique de son siècle : “Le pont d’or“ (Maxime Jacob), “les noces“ (Igor Stravinski), “le paradis perdu“ (Igor Markevitch), “la danse des morts“ (Arthur Honegger), “Bitter sweet“ (Noel Coward), “the rake’s progress (Igor Stravinski), “Wozzeck“ (Alban Berg)…

 

Mélodies de Poulenc en 1953. Au piano, Francis Poulenc !


 

A partir de 1940, il s’intéresse également à la musique ancienne, participant à la redécouverte de Monteverdi avec son amie Nadia Boulanger, chantant l’Evangéliste de la “Passion selon Saint Matthieu“ de Bach sous la direction d’Ansermet ou enregistrant des mélodies de Gilles Binchois et Guillaume de Machaut.

 

Bach, Oratorio de Noël - Choeur de Saint-Guillaume de Strasbourg, orchestre municipal de Strasbourg, direction Fritz Münch (1956).


 

 

Tout en enseignant le chant au conservatoire de Genève, il poursuit une carrière internationale : Londres, Milan, Aix-en-Provence, Glyndebourne (où il aurait chanté plus de plus de 400 fois)…
Le 10 mars 1988 (il a alors 85 ans), il fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York dans le rôle de l’Empereur de “Turandot“. Il fait ses adieux à la scène à 92 ans, en interprétant une dernière fois Monsieur Triquet (Eugène Onéguine) au Théâtre du Jorat.

 

Les Contes d’Hoffmann sous la direction de Richard Bonynge (à 69 ans)


 

Ce qui m’a toujours frappé dans les interviews d’Hugues Cuénod, c’est cette exquise politesse d’un autre temps, sa grande disponibilité, sa gentillesse, sa modestie et son humour. A un journaliste, qui lui demandait s’il n’avait pas peur de perdre sa voix, il avait répondu : «Comment pourrais-je perdre ma voix ? Je n’en ai jamais vraiment eu !». Parfaitement à l’aise dans son époque, il avait été l’un des premiers hommes, en Suisse, à signé un partenariat engagé (l’équivalent de notre Pacs) avec son compagnon, qui partageait sa vie depuis près de 25 ans. Il avait 105 ans !

 

Interview de Hugues Cuénod (en anglais), il avait 99 ans !


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